Recette de cuisine au petit VFour (3☆ au guide TT Dunlop)

... je prends la direction opposée pour aller vers Montreuil, et je ne tarde pas à entendre dans mon dos des "pardon!" impérieux, de sorte que, sans même me retourner, je sais que je suis pris en chasse.... décidément le métro ne reussit pas à mes quêtes motardes :

un an auparavant, c´est un jeune a qui j´avais filé "cent balles" qui m´avait remercié en me montrant son poing américain pour que je lui donne la bourse.... j´avais eu à choisir en un éclair ;
- partir à toutes jambes car je courais vite ;
ou
- lui montrer le poing japonais pour Sumo que je portais dans un sac et qui pouvait se mesurer sans difficulté avec le sien en cas de confrontation directe (j´apportais chez le "concessionnaire" Powroll mon vilo de SL dont la bielle était coincée par le manque d´huile consécutif au colmatage du tamis par les fils de coton : cf. mes précédentes explications, pour les distraits) ;

J´ai alors eu la confirmation pragmatique que je courais vite, même lesté de mon vilo et de mon bel argent.

Mais cette fois, pourquoi m´enfuir?
On ne fuit pas les gens qui sont payés par nos impôts pour garder la paix, lors même, paraphrasant Coluche, qu´ils oublieraient parfois de nous la foutre, parce qu´on est motard, ou jeune "aux cheveux looonnngs", comme chantait Johnny, ou doté de toute autre singularité qui vous distingue au premier regard nasique (celui que porte sur vous l´oeil qui se prend pour un nez, après qu´on l´a formé à flairer le bizarre....)....

Par jeu, ayant bonne conscience, je marche d´un bon pas, sourd au premiers "Monsieur", soufflés dans mon dos et dont je sais être la cible. Jusqu'à ce qu´une main policière se pose sur mon épaule....

... sachant avoir conduit vos regards au seuil d´un endroit inexploré et tendancieux, où, auraient conclu Dupond et Dupont, "la main de l´homme n´a jamais mis le pied", je m´arrête.
Je ne continuerai ce récit, qui pourrait vous compromettre en vous désignant comme parties prenantes de ma bande, mes complices si vous préférez, qu´à la condition d´avoir reçu préalablement votre assentiment non équivoque.
L´apprenti cuistot de 1979 ignorant la recette des cookies, c´est à une manifestation acclamative que je vous convie ici pour accepter.... que je ne la ferme pas.
A vous...

Bonjour Laxion,
merci pour cette narration, et j'attends la suite avec impatience
Pascl

allez

Lu et approuvé !

La pression populaire est à 3 bars. Un peu fort pour le tour de chauffe. Mais je ne vais pas me dégonfler maintenant. Allez ma cocotte, en sel....

Mais d´abord, pour me dédouaner (... avant le 20), je vais devoir Limoger NC30 sur remorque.

Donc qu'il soit rappelé ici, lâchement et sans équivoque, tout le respect que je porte aux uniformes, par ordre alphabétique, dans la double limite de la lettre D et des lacunes précédemment mentionnées affectant mon ignorance :
Académicien
Archiprêtre
Artilleur
Aviateur
Avocat
Banquier
Bedeau
Ben mon fils, t´es curieusement fagoté
Camerlingue
Cardinal
Chanoine
Chat noir
Chercheur de crosses
Crossman
Curé de campagne
Docteur
Douanier.

Oh, saperlipopette, j´ai oublié, et c´est un acte tout droit sorti du moule à manqué :
Chef
Commis de cuisine
Cuisinier...
Je les respecte tout autant, ces toqués là !

... une main de policier sur l´épaule ; ou bien qui vous indique de garer la bécane sur le bas-côté....
Pourquoi n´est-ce pas alors un puissant sentiment de paix et de bienveillante protection qui vous envahit, lors même que vous vous pensez en règle et que cet uniforme est à votre service puisque vous payez vos impôts, qui servent à en régler les notes de blanchisserie?
C´est sans doute que nous avons tous, abrité par une grille grinçante, un jardin secret où nos vilénies futures iront un jour gésir aux côtés de nos carabistouilles passées...

... oserais-je suggérer aussi que l´humour des "hirondelles aux pieds carrés", ainsi qu´on les nommait du temps de Michel Simon, obéit à des règles que le Code de la Route n´explicite pas bien.
Je me rappelle Adco, au retour d´une virée, évidemment sonore, en notre Basse Marche juvénile, racontant comment il avait mis en fureur le motard qui le contrôlait, en répondant naïvement à la question
" pourquoi souriez-vous?" ....
"parce que je suis d'un naturel heureux!"

Mais pour l´heure, celle de 1979, me voilà interpellé sous terre, sans aucun des attributs motardesques et la conscience en paix.

Cela commence par une "palpation de sécurité", ma première, n´étant jeune que depuis peu, et parisien depuis seulement 18 mois.

Cette intimité non sollicitée pourrait chatouiller mon ego, si je ne découvrais avec elle comment les aveugles lisent en braille. Ce qui est instructif, vous me l´accorderez.

"Qu´avez vous là?"
"Là" désigne, tout près du pli de l´aine, le fond de la poche gauche de mon jean collé-serré-fermé-en-s´allongeant-au-sol-bide-rentré, très tendance, qui vous faisait ressembler à Noureev dans le Lac des Cygnes, ainsi que mon autre beau-frère me l´avait un jour lancé d´un rire... concupiscent. Il aurait dû dire : dans Casse Noisettes..

"Ben, heu.... rien!"
"Mais si, sortez le!"
"Ah?!"

Et glissant sur le champ, moi-même, mes doigts nimbés d´amour-propre dans ladite poche, j´en extrais...

mon titre de transport dûment oblitéré : un ticket de métro réglementaire, jaune à bande magnétique brune, horodaté et zébré de violet.

Mais comme la casquette de mon palpeur de sécurité n´est pas celle de la RATP, il ignore mon justificatif et reprend sans désemparer sa susdite palpation de sécurité, glissant avec dextérité vers le haut de ma personne, et son collègue bien campé en retrait aucazou.

"Et ça, qu´est-ce que c´est?"  
m´intime-t-il sans aménité en sentant, cette fois, et je ne puis l'ignorer, le dur étui oblong, à travers le tissu épais de mon caban?

Alors j´inspire un bon coup, je le regarde droit dans les yeux et lâche :
"Une seringue."
....

Sortez ça immédiatement!

Sauf qu'avec les 2 bras simultanément empoignés par son collègue, ma liberté de mouvement se voyait singulièrement entravée.

Ils résolurent eux mêmes le dilemme juridique :
pas de contrainte physique possible dans un contrôle d´identité ordinaire, donc seulement des déballages "volontaires" de la part du contrôlé...
Ou bien flagrant délit et garde à vue permettant la fouille à corps...

Ayant choisi de ne me garder qu'un bras plutôt qu´à vue mon anatomie entière, l´extraction de la boîte clinquante de ma poche s´ensuivit ; et son ouverture, dévoilant la Chose, provoqua un émoi comparable à celui suscité par un enfant de choeur en surplis tendant la burette d´huiile au curé venu administrer l´extrême onction à un passant saisi par une fluxion de poitrine, subite, sur le trottoir rue Blondel ....

C´est qu´elle était vraiment grande, belle et impressionnante, ma burette à piston nickelé...

... et que je montrais à l´encan, tel "l´Ange au Sourire" gothique de la cathédrale de Reims, alors nimbé de mes boucles opulentes, l´innocence .... du motard à pied

La même qui m´a permis hier de persuader le chef du bureau de douane, aussi dégarni de boucles que moi, en bon bonze zen, de revenir, devant son subordonné, sur sa propre décision initiale de taxer à 10% + 20% l´importation de NC30, pour m´accorder finalement le bénéfice dérogatoire des véhicules de collection à 5,5%, ce nonobstant l´indication équivoque par le V5 (carte grise britonne) d´une première mise en circulation en 1996 sur le territoire de sa Gracieuse (du point de vue de Camilla) Majesté. Qu´il en soit honoré, tant il est vrai que se déjuger amiablement n´est pas à la portée de tous.

Je dois à l'exactitude de signaler qu´aucun de mes interlocuteurs du bureau des douanes, hier, ne revêtait d´uniforme ;

toutefois, droit sorti de mon abécédaire prémonitoire précité (vous pouvez le VériFieR), 3 kms avant d´arriver aux Douanes, bien au milieu de la Voie Fort Roulante et s´en retirant du pas lent du Greffier à l´audience solennelle de la Cour d´appel, j´avais croisé l´uniforme joliment fourré .... d´un authentique Chat Noir.

"Mauvais présage! Un Romain serait rentré chez lui", comme l´aurait clamé Danton en trébuchant sur la première marche de l´échafaud?

Eh bien non, au contraire, puisque je suis finalement sorti muni du précieux document douanier.

Mieux encore, en toute fin de journée, après l´heure de fermeture, alors que nous devisions de Résistance et de Guingouin à bâtons rompus avec "mon" douanier, sa collègue m´a demandé de photographier MR sur le parking (quasi neuve avec 28 ans et 35.000 kms) en expliquant que son mari aimait cette voiture et ... sa VFR 750!

Cela établit absolument au moins 3 vérités :

1- VFR est plus puissante que les Illuminatis : elle a envahi nos vies, et le Monde!.

2- Vraiment Faut Regarder la mécanique humaine avec bienveillance, même quand ça grince, c´est Vachement Fortement Réjouissant ;

3 - V Four Racing, pas plus que Vieux Félin Ramoneur ne porte malheur à qui l´aime!

Mais avant de retourner dans la seringue et comme j´ai aussi déjeuné hier avec Adco, je vous offre une image pieuse du moteur de sa Quatrédemie actuellement sur l´établi

Magnifique!

C´est aussi mon opinion partiale.
Un très beau moteur tout en verticalité et en arabesques cartériennes, "au cul à peine plus gros que la gueule" (hommage privé, pour connaisseurs cinéphiles, au magnifique film "Ridicule").

Dans cette version spéciale Adco il possède notamment :
Double allumage (4 bougies d´anniversaire pour ressembler à.... un VFR) électronique, sous carter taillé dans la masse ;
Arbres à cames retaillés par Augereau sur profil dessiné par Adco, qui métamorphosent le remplissage des chambres, malheureusement hémisphériques selon une technique dépassée, et qui illuminent les montées en régime jusqu´au delà de 11.000 tours ;
Pistons Wiseco forgés haute compression 74mm rectifiés de 900 Kawa (à l'époque il n'existait aucune pièce disponible de cette nature pour la 450) ;
Vilebrequin réaligné à zéro après comblement des canelures et soudé ;
Boîte Honda racing de CB350 (entraxe différent! Adaptée par Adco, longtemps avant que Nova fournisse des boîtes 5 puis 6 vitesses pour la 450...) ;
Radiateur d´huile de 2CV avec amélioration du circuit de graissage ;
Conduits, soupapes et barres de torsion retravaillés...
Etc.
Oui, un moteur splendide à regarder et devenu, ainsi optimisé dans la limite des partis pris techniques obsolètes de sa culasse, bien sympathique à entendre et voir à l´oeuvre sur une moto ramenée à 130 kgs sur la balance...

.... "Vos bras! Montrez vos bras!"
" Non mais ce n´est pas ce que vous croyez, c´est pour ma .... moto...."
"Vos bras!"
... euh... ma.moto est en panne et mon dentiste vient de me donner cette seringue pour nettoyer les cana..."
" Montrez vos bras ou je vous embarque"..

J´ai montré mes bras. J´ai blablaté sur mon pédigrée,. sorti ma carte d´étudiant qui ne faisait pas de moi un casseur impénitent malgré un look plus Nanterre qu´Assas.... et mes censeurs, un brin dépités, m´ont laissé prendre l´escalier roulant, pour regagner Montreuil et la cave où gisait Quatrédemie sur son grabat d´infortune.

... Esselle m´avait confronté aux problèmes de montée d´huile lorsque le filtre tamis est obstrué.

Quatrédemie me montrait des symptômes comparables, de sorte que je suspectais les canalisations puisque la pompe à piston fonctionnait, et que le tamis était propre...

Un peu court, aurait ajouté Cyrano...
Mais la cause du manque de graissage dépassait pour l´heure ma connaissance technique de ce moteur et ma capacité d´analyse des problèmes liés au vilebrequin.

Lorsque j´ai remonté, en confiance, celui que l´Ours avait reconditionné, j´ai découvert avec effroi qu´il ne tournait pas librement une fois les carters resserrés au couple. Et la réponse du Grizzli, bien incapable de corriger l´alignement défectueux puisque les manetons emmanchés  avaient marqué les masses de leurs cannelures, fut d´une stupidité mécanique sinon d´une malhonnêteté navrante :
" ça va se faire!"

Et, alors bien trop soumis à l´autorité de compétence supposée du professionnel... malgré mes doutes, j´ai finalement remis Quatrédemie sur la route....de sa future panne.

Sautons quelques années et retrouvons Quatrédemie mal en point, au fond du garage.

Me voilà décidé, pour préserver CBR 900 RR Fireblade 1992, trop grisante et trop neuve pour tomber, à en faire une moto pour le circuit.

Ce sera d´abord avec son cadre d´origine et en moteur standard (ci-dessus montrée dans sa version "Chimay", et ci-dessous dans la même configuration à Jéhonville).

Puis, après avoir chuté en piste pour cause de contact du berceau inférieur au sol, en copiant le cadre qu´Adco avait imaginé et fabriqué avec succès, pour accueillir le moteur optimisé, que vous avez admiré.

Je vous dois les photos de cette évolution technique et esthétique... ainsi que des 2 soeurs au cadre Adco, très proches d´aspect, mais pas en puissance.

...

Ma Quatrédemie dans sa version Adco, lors de sa dernière sortie à Nogaro, voilà 20 ans.